mercredi 31 octobre 2007

En pays Betsileo

Nous retrouvons Fianarantsoa, Ambositra, Antsirabe, les 3 principales villes des hauts plateaux du centre… Dans chacune des 3, une semaine à 10 jours d’interventions diverses et variées. Heureusement la fraîcheur d’août a laissé la place à un doux printemps, les fruits emplissent les marchés. Dans un mois les premières mangues, les letchis, les fruits de la passion…

Fianarantsoa … Du 3 au 11 octobre.
Ville où les rues sentent bon, où les gens semblent un peu moins pauvres qu’ailleurs. Antoine et sa boîte de bonbons vichy (comme mon bon vieux papy Adrien dans le temps). Violaine, Franck et leurs apéros où l’on refait le monde tranquillement. Ateliers à l’alliance avec nos 70 petits, clownage et parachute un peu partout. Représentation grandiloquente devant 1400 jeunes filles et bonnes sœurs du collège St Joseph de Cluny, hystérie générale de ces demoiselles, faillit nous faire happer par la foule… Quart de finale de rugby France-blacks, écran géant et cassoulet party à l’alliance française. Puis, représentation non moins impressionnante à l’alliance devant environ 1000 personnes, dont une bonne partie agrippée aux murs ou juchée sur les arbres afin d’apercevoir la scène. Quel succès les amis ! Nos jeunes artistes en étaient tout impressionnés. Espoir caressé quelques jours de partir jouer le spectacle à Soatana (village atypique où hommes, femmes et enfants sont vêtus entièrement de blanc et où toutes les religions cohabitent cordialement) avec Pierrot Men (le Doisneau local, auteur de toutes les belles cartes postales en noir & blanc surtout, en couleur aussi, que l’on peut trouver à Mada). Tombé à l’eau ! Ça aurait pu être vraiment chouette d’avoir des photos du spectacle prise par Pierrot Men, dommage !!!

Ambositra … Du 12 au 20 octobre.
Capitale de l’artisanat. Maison du bonheur de Caro et Gildas, Super Robert et son scooter. À nouveau ateliers avec plein de petits bouts et même des plus grands, citons au passage quelques prénoms typiquement malgaches (symboles de leur appropriation très personnelle du français) : St Nicolas, Bertina, Delphin (masculin de Delphine), Mitterrand, Albertine …mais aussi dans mes groupes, des petites Emma, Erica, Juliette, petites fillettes pour me rappeler mes grandes nénettes. Pour le groupe de jonglage de Luis, nous avons droit tous les deux à un atelier travaux manuels « construction de balles en sable et ballons de baudruche », cela nous occupe notre jour de congé en entier, c’est beau le volontariat quand même ! Les cours ont lieu au collège St Louis, dirigé par le frère Jean Salla, un amour de religieux, gai, drôle, dynamique, motivé par tout ce que nous lui avons proposé. Ca m’apprendra à avoir des préjugés sur les cathos, tiens ! Et encore 3 sorties de parachute dans la semaine, le pauvre vieux commence à montrer quelques signes de fatigue, déchiré ou décousu de toutes parts, il est temps que le tour de Mada se termine, il y aura laissé quelques plumes. Entre 2 animations ou spectacles, nous faisons nos achats (plein de cadeaux pour vous les amis) et traînons dans les marchés et autres souks colorés où nous découvrons que tout se vend à Mada, tout a une deuxième vie (même les boîtes de conserves ou les bouteilles en plastique). Nous n’avons pas de leçon d’environnement à leur faire, je crois ! Dernier jour apocalyptique : Caro fait une crise de palu, Gilda gère le spectacle et un défi-lecture à l’alliance, le tout couronné le soir par une grosse beuverie façon « soirée fatapera » (brasero malgache) ! Le trajet en taxi-brousse du lendemain hume encore bon les vapeurs de rhum…


Antsirabe … Du 21 au 28 octobre.
La ville thermale, la ville carrefour. Pour nous, c’est notre 3ème passage. On s’y sent un peu comme chez soi, on y retrouve des amis, des coins de rue, des gamins qui nous reconnaissent et singent nos mimiques de clowns, des bons restos, et surtout Karine et les garçons, Stef, Jerrys et toute l’équipe de l’Arche.
Nous sommes logés à l’alliance, pratique ! Défrayés par l’alliance, selon un budget que notre gourmandise dépasse largement depuis le début de la tournée et notamment à Antsirabe où les bonnes tables se font concurrence et où, oh bonheur, il y a des fabriques de fromage. Du coup, nous nous faisons réellement plaisir et nous délectons de pavés de zébus, fondue savoyarde puis bourguignonne, raclette, soupe de crabe, gratin dauphinois, salade au camembert pané, et autres trésors de la gastronomie française, oubliés de nos papilles depuis trop longtemps déjà ! Que Lita se rassure, on a beau être loin du berceau familial, nous sommes bien nourris, nos bons gros bidons en témoignent ! Comme en Inde, pas moyen de perdre des kilos en voyage, à mon grand désespoir !!! La semaine s’écoule à grande vitesse, entre les ateliers du matin avec notre nouvelle bande de mômes, les représentations de l’après-midi (assos humanitaires, orphelinats et bonnes sœurs camerounaises et coquines), et les soirées papotage avec copine Karine, autour des rhums arrangés de Stef. Qu’il est dur le départ. Car cette fois-ci c’est sûr, c’est la dernière. Pour cette année en tout cas. Nous nous envolerons pour les Comores le 2 Novembre…

Les clowns.

dimanche 7 octobre 2007

Parcours des Clowns

Carte des Clowns Barroudeurs. Les connaisseurs ou anciens visiteurs de Mada apprécieront !!

Fort-Dauphin, ça se mérite !


36 heures de piste et de poussière pour atteindre celle qui fût le repaire des pirates et autres négriers, de part son emplacement central sur les différentes routes maritimes de l’océan indien. Des mois que l’on nous parlait de cette fameuse RN10 !!! Nous l’avons tellement redoutée, que nous nous sommes armés de 3 excellents romans, tellement captivants que nous avons presque osé dire « déjà » à l’arrivée.

Fort-Dauphin a longtemps été un paisible village malgache, replié sur lui-même de part son enclavement, vivant de la pêche des crevettes et langoustes, et de la culture du sisal. Depuis 2005, le village se transforme en ville. La raison : la construction du plus grand port en eau profonde de l’océan indien, ayant pour but l’exportation des minerais naturels. Résultat visible : un chantier gigantesque sur la plage et un trou qui ronge la montagne. Résultats secondaires : arrivée de centaines d’experts, techniciens, ouvriers d’Afrique du sud, du Japon, de France et des Philippines, inflation des loyers et du coût de la vie, écarts sociaux entre locaux et expatriés, pêcheurs locaux « indemnisés » car le chantier pollue les côtes et détruit l’écosystème marin, prostitution des jeunes malgaches poussées par leur famille, recrudescence des attaques à mains armées contre les transporteurs de fonds le jour de paye…bref, le développement profite toujours aux mêmes. C’est beau la mondialisation.

A cela s’ajoute le résultat des législatives : après des élections truquées – certains bureaux de vote n’avaient pas « reçu » à temps les bulletins des opposants (ben voyons !) donc le peuple avait le choix entre voter pour le TIM, le parti du président, le TIM ou le TIM ou ne pas voter. Au lendemain des élections, les journaux parlaient d’un taux de participation de 20 % dans tout le pays. Les nouveaux députés représentent à peine 10% de la population totale du pays. Militantisme du peuple à travers ce boycott et cet absentéisme des élections ? Non. Plutôt absentéisme du peuple à travers leur « je m’en foutisme » de ces élections annoncées truquées d’avance. En tout cas, cela ne gêne nullement le pouvoir en place, bien au contraire. L’apathie d’un peuple servira toujours le tyran qui le contrôle. L’opposition est désormais écartée à Madagascar et le dictateur a les pleins pouvoirs depuis la mise en place de la nouvelle constitution votée par référendum falsifié – ou imposée selon les points de vue - en mars dernier.

Un désastre politique, économique, social et écologique qui affecte ceux qui, justement, avaient choisi de s’installer dans ce petit coin de farniente, pour être à l’abri de la société de consommation, au cœur d’un milieu naturel magnifique, où la montagne se jette dans la mer, où l’on peut profiter aussi bien de randonner que de plonger. C’est le cas d’Alex, la directrice de l’alliance française, et Greg, son mari, qui nous ont accueilli dans leur maison (encore une fois, faute de budget de l’Alliance). Ce qui ne fût pas pour nous déplaire, au contraire. Atomes crochus aidant, nous avons vite compris que nous venions de la même planète. Et ces 2 là, si nous les avions vus un peu plus de 10 jours, auraient bien pu devenir de très bons amis ! Nous avons bien fondu devant Tom, leur petit bout de choux de 5 mois, l’occasion pour nous de confirmer notre envie de faire le nôtre !

Nous avons animé des ateliers à l’école française, finalisés à la fin de la semaine par deux spectacles : à l’école le matin et sur la plage l’après-midi. Et des représentations des clowns à droite, à gauche…bref toujours la même routine.

Après, Fort-Dauphin, il faut aussi en repartir ! La RN13, pire que la RN10, nous a mené, des travers des paysages arides aux hauts plateaux, jusqu’à Fianarantsoa en une trentaine d’heures, perchés dans notre bon vieux bus TATA. Finalement le taxi-brousse, on s’y fait !

Notre aventure à Madagascar se finit dans un mois déjà. Mais une autre nous attend pour six semaines aux Comores à partir du 2 novembre. Le Croissant Rouge nous embauche pour une création de spectacle-forum sur la Grande Comore. Puis, enfin, retrouvailles avec la Réunion et surtout avec nos nombreux amis de l’île et de la métropole - venus spécialement pour les fêtes de fin d’année. Vivement. Vous commencez sérieusement à tous nous manquer.

La France non, la famille et les amis oui.

Loumilie.