mardi 24 avril 2007

politique et doux village

Bonjour à tous,
Nous avons appris ce matin seulement les résultats du vote des français !!!
Force est de constater que le peuple préfère voter par peur ou par calcul politique d'un côté au lieu de voter pour ses propres convictions, ses idéaux et, de l'autre, pour la peur, le calcul financier, l'individualisme, la haine et le totalitarisme.
Et ensuite on nous chante les louanges de la victoire de la démocratie !!!!!!
Nous sommes assez dépités de réaliser une fois de plus, que nous et nos amis faisons partie d'une toute petite minorité et que ce pays dans lequel nous vivons est peuplé de gens avec qui nous n'avons vraiment rien en commun. C'est triste et désolant !!! Vu d'ici, réaliser que les questions d'environnement et d'alter-mondialisme ne préoccupent personne est assez navrant.
C'est, une fois de plus une grande leçon, pour l'extrême gauche qui ne comprend toujours pas ce que la solidarité et l'union veulent dire, eux qui ne cessent de ressasser ces mots. Tant qu'il n'y aura pas de vrai lobbying de tous ces petits partis avec un seul candidat crédible, ils resteront inexistants…au plus bas de la vie politique.
Mais qu'ils ne s'inquiètent pas, car si « leur autre monde est de moins en moins possible », il y en a un qui va bientôt être inévitable compte tenu du désastre socio-politico-ecologique mondial dont chacun de nous est responsable et pour lequel nous continuons de voter....et ce monde là va être beaucoup moins doux à vivre pour tous les êtres humains de cette planète.
Et puis la défaite de le Pen...pfff... l'électorat qui l'a laissé tomber a trouvé un bien meilleur poulain désormais pour enfin voir leur idéologie mise en place !!!!!
Nous tentons d'expliquer à nos amis malgaches de l'école, que le français moyen s'est encore une fois plus soucié de son nombril et de son portefeuille que de ce qui peut se passer à l'extérieur de chez lui, et que cela va être de plus en plus compliqué pour eux d'obtenir un visa pour venir nous rendre visite en France !!!
Bon, pour nous, tout continue son cours tranquille malgré tout. Nous attaquons notre deuxième semaine intensive d'ateliers (théâtre/danse pour Milie, jonglage-accrobaties/musique pour Luis), et des esquisses de spectacles commencent à voir le jour...
Les enfants commencent à nous adopter, les grands (collège) nous invitent à leurs booms (que le temps fut long avant de pouvoir déguerpir !), les petits cessent de hurler de terreur lorsqu'ils nous aperçoivent ( Faltin, 3 ans, le plus terrorisé, a avoué à ses parents que c'était le grand nez de Luis qui l'inquiétait le plus ) et nous continuons à nous engraisser gaiement aux rythme des mets raffinés de Joliot ! Nous débutons demain un autre projet qui consiste à faire peindre par les enfants une immense fresque sur un des murs de l'école. Car il semble qu'ils n'aient pas souvent l'occasion de s'exprimer ou de créer. Alors, on en profite, ce sera les mois des "vahazas", où tout le monde se lâche...
Les profs aussi du coup ont décidé de créer un petit spectacle pour la fête du 17 mai.
Ce qui est formidable ici, c’est de voir que nous avons carte blanche pour tout ce que nous voulons réaliser dans cette école, et malgré le peu d’argent et de matériel, tout le monde se plie en quatre pour mener à bien ces projets, aussi bien les élèves et leurs parents que professeurs et directeurs. Le « Solidarity system D Project » en quelque sorte !!
Nous commençons à nous sentir chez nous dans la haute maison de 3 étages qui nous a été prêtée, nous nous habituons à économiser l'eau, car lorsque la réserve est vide, il faut la remplir en puisant à l'aide de seaux et cordes... Nous avons une colocataire grenouille qui s'amuse à faire des sauts sur le lyno au milieu de la nuit et quelques gros cafards qui se relaient... La lumière est magnifique le matin et au coucher du soleil, les rizières qui entourent tout le village se teintent d'un vert flamboyant, et les nuits sont gorgées d'étoiles !
Il règne dans ce village une douceur de vivre parfois incompréhensible lorsqu’on se dit que la majorité de ses habitants souffre, depuis Novembre, de la période dite de « soudure », où tout le monde attend mi mai pour récolter le riz de leur terrain. Ils pourront enfin gagner de l’argent et manger sans compter chaque grain de riz de leur dernier stock. Entre temps, ils tentent de vendre dans la rue des fruits, des légumes, de la viande ou du poisson plus ou moins frais, des sacs plastiques, des flacons de toute sorte, de l’artisanat, n’importe quoi qui pourrait leur permettre de survivre…
Il arrive régulièrement que, durant ces cinq mois très difficiles pour tous, des villageois n’hésitent pas à se voler entre eux. Lors du lundi de Pâques, certains, peu scrupuleux, profitent des maisons vides pendant que tout le monde a quitté le village à pied, en vélo, en pousse-pousse, en taxi bicyclette, en voiture, en taxi brousse pour aller voir sa famille, ou entassés dans des camions et camionnettes pour aller à l’église catholique, protestante, orthodoxe, pentecôtiste (et j’en passe) d’un village voisin, avant de tous se réunir dans l’après midi pour faire la fête dans une prairie ou au pied d’une colline. Mais ces choses là n’arrivent pas si souvent que cela, rassurez-vous !!
Tiens d'ailleurs nous avons un téléphone fixe chez nous, si certains peuvent appeler gratuitement... Vous pouvez appeler de 20H30 à 21H30 (19H30 à 20H30 chez vous !) parce qu'on se couche très très tôt. Nous sommes réveillés tous les jours à 6H !!! Ou le week-end :
indicatif Madagascar : 00 261 (à vérifier...)
numéro à ajouter peut-être ??? : 020 ou 20
notre numéro : 54 081 63
Sinon, nos projets restent inchangés pour l'instant. Après le spectacle nous quitterons notre paisible petit village pour nous rendre sur la magnifique côte de la Vanille, où nous ferons une petite tournée du spectacle avec des artistes acrobates de la capitale, puis nous rejoindrons la ville de Mahajanga où nous prendrons un petit bateau jusqu'au Comores, ce qui nous permettra de renouveler notre visa pour 3 nouveaux mois.
A bientôt.
Luis et Milie