Bon, le Loulou en a marre de passer ses soirées à rédiger des articles que personne ne lit de toute façon (à part Fantouz, Lita, Cath et nos amis mahorais !), alors il me demande de prendre le relais. Grâce à mon esprit synthétique (a-t-il dit !), je devrais réussir à dire en quelques mots ce qu’il est advenu de nous à Mahajanga…
Mahajanga, la ville au nom qui sonne bien à l’oreille, où l
e plus gros baobab du pays (14 mètres de circonférence) sert de rond-point sur la corniche, ville au climat clément toute l’année, protégée des cyclones en été et où les températures restent douces en hiver… Bref, un petit coin de paradis où il fait bon vivre, voire même où l’on songerait volontiers à poser ses valises ! Mais, car il y a toujours un « mais », à partir de début juillet, elle devient la côte d’azur version malgache, le lieu de vacances des tananariviens (les parigos !), sans compter tous les vazahas, et perd drôlement de son charme !
ir d’une nouvelle découverte, une très belle aventure. Nous avons pu aller visiter aussi l’élevage des tortues à soc et tortues d’eau à queue plate, deux espèces menacées d’extinction, élevées pour la reproduction, puis relâchées ensuite dans leur milieu naturel. C’était chouette pour nous de les voir en chair et en carapace, car Gerald Durrell leur consacre tout un chapitre dans son livre « le Aye-Aye et moi » que nous avions dévoré quelques semaines plus tôt. Nous avons aussi pu rendre hommage à 3 majestueux baobabs, endémiques et derniers représentants de leur espèce. En effet, leur histoire est terrible et magnifique : ces baobabs sont dépendants d’une espèce spécifique d’oiseau qui mange leurs graines, les digèrent et les redonnent à la nature à travers leurs excréments. Le passage dans le système digestif de l’oiseau est nécessaire à la germination de la graine. L’oiseau ayant disparu depuis 500 ans, ces baobabs ne peuvent se reproduire. Des scientifiques ont tenté l’expérience avec d’autres espèces d’oiseaux cousines, en vain, c’était celui-là et pas un autre ! La nature n’a pas fini de nous étonner. 
Ensuite à Mahajanga, eh bien, le boulot à l’alliance française, il faut bien gagner son hébergement et ses repas de clowns ! J’ai commencé à animer un stage de danse avec les petits bouts de 4 à 12 ans, un groupe super sympa, qui me couvrait de câlins à chaque début, chaque pause, ou chaque fin de cours. J’ai aussi co-animé un atelier théâtre avec Hanitra, enseignante malgache qui débutait et avait besoin de soutien. Luis a animé un stage jonglage-acrobaties, avec très peu d’inscrits malheureusement ! Les parents ont peur de la nouveauté, ils n’ont pas osé inscrire leurs petits. Ils sont aussi victimes de la psychose qui règne en ce moment à Mahajanga, nourrie par les médias en mal de sensations fortes. Il y aurait de nombreux enlèvements d’enfants, certains corps auraient été retrouvés mutilés, découpés en petits morceaux, on n’arrive pas très bien à mesurer la part de réalité dans tout cela. Le résultat certain, c’est que les parents cloîtrent leurs enfants à la maison… Nous animions aussi ensemble, en fin d’après-midi, soit des jeux collectifs, soit la chorale, en alternance, un jour sur deux. L’occasion de nombreux fous rires et de cris avec notre bande de mômes, au désespoir des profs de français de l’alliance qui avaient bien du mal à capter l’attention de leurs élèves. L’occasion aussi de mettre en pratique la troisième voix du chant « Aoué » (merci Emma et les colocs !) que nous avons appris au téléphone ! Le stage s’est magnifiquement clôturé par une représentation à l’alliance des enfants et des clowns, sur le front de mer, au soleil couchant, s’il vous plait !
Ses stages nous occupaient tous les après-midi, nous avons donc mis à profit nos matinées pour proposer le spectacle à qui en voulait (ONG, assos diverses…). Les réponses sont restées frileuses alors que nous proposions spectacle et animation parachute gratuits, l’immobilisme malgache ! « Ah bien, on ne sait pas, nous n’avons plus d’électricité, faut louer un groupe électrogène, faut faire de la publicité, faut organiser, oh lala quelle histoire !!! » alors que les petits malgaches n’auront sans doute plus jamais l’occasion de voir un spectacle de clowns ! Même la Maison de la Culture a l’électricité coupée depuis 4 mois ! Ils n’ont pas payé les factures, du coup les artistes
qui souhaitent se produire doivent fournir leur groupe électrogène ! Autant dire, qu’il ne se passe plus grand chose de culturel dans cette maison ! De plus, la psychose des enfants enlevés n’a pas joué en notre faveur, une asso nous a avoué qu’ils avaient peur que l’on enferme les enfants dans la salle de spectacle pour les massacrer ensuite. Luis et Milie, découpeurs d’enfants, on aura tout vu !!! Du coup, nous n’avons eu que deux matinées d’intervention, dans deux courageuses structures, qui ont osé prendre le risque de nous inviter ! L’association « enfants du monde » qui accueille des enfants des rues assez difficiles (le spectacle s’est bien déroulé mais le parachute s’est terminé par une bagarre), et la maison de quartier Manga où nous avons passé une superbe matinée (Luis a dû animer presque 2 heures de parachute avec les enfants, devant tous les adultes ébahis du quartier).
Nous avons aussi profité du week-end que nous avions entre les 2 semaines d’intervention pour nous rendre à Katsepy, petit village qui fait face à Mahajanga de l’autre côté de la baie. Au programme, petite ballade amoureuse sur les plages désertes le samedi et représentation du spectacle le dimanche… HUMMM !!! À l’arrivée, tout autre chose évidemment…
Moi qui espérais une baignade crapuleuse ou une sieste coquine sur la plage… Que nenni ! L’eau était boueuse et pleine de méduses. Elle ne donnait pas même envie d’y tremper le petit orteil (nous étions dans une baie et non pas faces à l’océan) et les plages visitées par de nombreux promeneurs ! Nous sommes alors partis à la conquête du cirque rouge, dont Marion (la directrice adjointe de l’alliance), nous avait indiqué l’emplacement, arpentant des kilomètres de sentiers broussailleux, rebroussant chemin, croisant zébus et lézards, sous un soleil de plomb ! Évidemment, nous n’avons jamais trouvé le soi-disant cirque rouge, nous apprendrons plus tard que nous avions oublié un détail essentiel : le cirque n’est accessible qu’à marée basse et nous l’avons cherché à marée haute, ce qui explique qu’une falaise nous barrait la route ! Quelle équipe de winners les 2 là !Et Mahajanga, ce fut enfin, le moment où nous apprenions que Mathieu, notre ami directeur de l’alliance d’Antalaha, était en train de se transformer en manager. À la réunion à Tana de toutes les alliances françaises de l’île, Mathieu n’a pas tari d’éloges à notre sujet, et nombre de directeurs se sont dits vivement intéressés pour nous recevoir. Résultat, nous bûchons depuis sur l’organisation d’une tournée (qui l’aurait cru au départ du voyage ?), Mathieu faisant le lien entre nos propositions et les demandes de chaque alliance. Dans l’état actuel des choses (mais les réajustements ne sont sans doute pas terminés), nous tournons du 16 août au 30 octobre, dans les alliances de Sainte-Marie, Morondava (à confirmer), Tuléar, Fort-Dauphin, Ambositra, Fianarantsoa, Antsirabe, Tananarivo et Tamatave. Plein de boulot en perspective, plus beaucoup de temps pour visiter le pays, mais quels souvenirs !!!
Voilà en gros nos aven
tures mahajangiesques ! Je ne m’étendrais pas sur ma 3ème angine malgache en 3 mois. Elle aura surtout eu comme effet de me décider à arrêter mon traitement antipaludéen. La doxycycline (qui m’a été prescrite par un médecin réunionnais) est un antibiotique qui agit contre le palu, mais qui doit sans doute participer à fragiliser mes défenses immunitaires. J’ai tout stoppé, on verra si les angines disparaissent. Luis, lui, ne prend rien depuis le début du voyage et pour l’instant pas de crise, pourvu que ça dure !
Je ne m’étendrais pas non plus sur le tourisme sexuel qui nous écoeure de plus en plus. Les rues sont pleines de vieux vahazas rougeauds au bide graisseux qui se baladent avec leurs jeunes et jolies malgaches, leur faisant miroiter des avenirs meilleurs en agitant quelques billets. Elles, crédules, espèrent un mariage, un départ en Europe, au pire un peu de monnaie. Il y a sans doute quelques rares histoires d’amour dans tout cela. Mais nous avons été témoins de conversations abjectes entre hommes expatriés, débattant sur les culs et les couleurs des chattes (je cite !), et que plus elles sont jeunes, meilleur c’est ! À vomir ! N’allez surtout pas chez « Marco Pizza », le patron sera malheureusement quoi faire de vos sous…
s, avec six sifakas (dont une maman et son tout petit) venus lécher les mains et le bout du nez de Luis après nous avoir scruter de près à la recherche de quelques fruits ou feuilles… en vain (hors de question de nourrir ces lémuriens en totale liberté) et aussi de très bons moments en compagnie de Marion, Jean-Jacques, Chantal, Fechouan, Luis, Solange et les autres… Merci à vous pour tout.J’embrasse très fort tous ceux que j’aime, et même les autres, tiens, soyons fous !
Milie.
