samedi 16 juin 2007

Circus road trip et Road trip Circus .

Nos adieux à Antalaha ont été bien pénibles.
Premièrement, parce qu’il est plus que difficile de quitter des personnes, avec qui l’on créé des liens très forts aussi rapidement, en se disant que l’on ne reverra pas cette petite clique d’expatriés franco-belge avant un bon bout de temps, sinon jamais…
Une fois de plus, un immense merci à nos hôtes belges qui ont été plus que fabuleux avec nous. Notre passage chez vous restera un immense souvenir pour nous. Au fait, avez-vous eu des retours de la part des employés de l’entreprise, et de leurs enfants bien sûr, pour qui nous avons spécialement fait les clowns ?
Et un tout aussi immense remerciement à Mathieu, le directeur de l’alliance française qui nous a fait tourner, pour notre plus grand plaisir, dans les écoles françaises et malgaches, dans un petit village qui s’occupe des lépreux, à faire « jardin comble », pour la première fois, à l’alliance grâce au spectacle et au parachute devant près de 200 enfants. Notre parachute avait fait, en une semaine, le tour des oreilles des enfants de la ville. Ils étaient tellement nombreux et excités de pouvoir enfin y jouer qu’ils avaient fini par déchirer certaines de ses coutures ! Heureusement, nous avons réparé cela dès le lendemain.

Deuxièmement, nous n’avions pas envie de prendre la route pour Mahajanga parce que l’on savait ce qui nous attendait : 36 heures, record personnel battu ! 36 heures pour 150 Kms !!
Il faut dire qu’on avait mis toutes les chances de notre côté. Non pas que la route eût été mauvaise ou qu’il ait plu. Fort heureusement, que nenni….
Il aura fallu seulement un propriétaire peu scrupuleux sur la maintenance de son véhicule et qui n’y connaît pas grand-chose en mécanique et son copilote mécanicien qui s’y connaît encore moins que son patron chauffeur ! Un 4X4 qui casse sa gente au bout d’une demi-heure de route, sectionnant par là les vis qui la maintiennent !! Cela nous promettait quelques bonnes aventures. Et l’on fut servi !
Tentant d’imiter Mac Gyver (paix à son âme ! Tu vas nous manquer !!), les deux chauffeurs, dont le propriétaire donc, ont réussi à nous immobiliser au moins 18 heures sur les 4 pannes consécutives. Elles étaient dues à cette maudite roue arrière droite qui, plus on la réparait (rafistolait serait plus judicieux) moins elle avait de vis et de boulons à son actif ! Jusqu’à rouler avec seulement trois d’entre elles !!!! Heureusement que, d’une part nous ne pouvions rouler vite, étant donné l’état désastreux de la route et que, d’autre part, Milie ait vu à temps cette roue en train de danser le Kilalak et s’apprêtant à nous dire au revoir pour finir sur le bas-côté de la route ! Cette fois là, il ne restait plus qu’une seule vis tenant le coup tant bien que mal. Et à chaque réparation, on pouvait être sûr que l’on pouvait attendre trois heures pour démonter, réparer et remonter cette roue indémontable (les vis tournant dans le vide, il fallait d’abord retirer les roulements, ce qui leur prenait un certain temps malgache !!)
Le propriétaire, dont le visage se décomposait au fur et à mesure des pannes et de la pénurie de vis qui n’allait pas tarder à arriver, restait complètement impuissant face à la situation. Tellement incompétent qu’il ne se bougeait même plus pour réparer son véhicule avec son collègue. Il laissait cette sale tâche aux passagers qui, volontairement et sans jamais broncher, ont prêté main-forte au mécanicien. Parfois même, ce dernier les laissait faire. Le monde à l’envers !!
Les derniers 30 Kms furent un vrai calvaire. Roulant à moins de 7km/h, les deux dernières vis, qu’il restait en tout et pour tout, nous ont amené par miracle le soir jusqu’à un petit village assez animé, à 20 Kms de notre but, où nous avons pu nous restaurer et passer la nuit dans le véhicule. Son propriétaire n’avait pas réussi à trouver de vis pour repartir ; quel incapable celui-là.
Enfin une vraie nuit sans secousse, sans réparation, juste les bruits paisibles de la nuit… en dehors de ses saloperies de moustiques !!
Le lendemain, des vis et des boulons avaient été enfin trouvés. Mais nous sentions bien le traquenar se reproduire encore toute la journée. Nous avons finalement décidé de quitter la galère, car le temps nous était compté, pour prendre un autre taxi-brousse qui passait par là. Par chance nous sommes tombés sur LE Speedy Gonzalez des pistes. À l’arrière de sa 504 bâchée, nous avons à peine mis une heure, à zigzaguer entre les trous d’obus et les dos d’éléphants, pour arriver à bon port.
Arrivés de bonne heure à Ambilobe, nous avions de bonnes chances d’enchaîner sur un autre taxi-brousse direction Mahajanga. Que nenni !!
Le premier pour notre destination ne partait qu’à 17 heures ! Nous aurions finalement pu rester avec nos « galériens » pour connaître le fin mot de l’histoire, mais nous apprenions un peu plus tard dans la journée que notre incompétent chauffeur avait appelé sa mère, habitant à Ambilobe, à la rescousse afin qu’elle vienne le chercher. Ainsi il pouvait acheter la pièce mécanique en ville pour retourner à son 4X4, où les passagers avaient dû l’attendre au moins 5 heures, pour réparer la roue et retourner à Ambilobe. Chose qu’il aurait pu faire la veille s’il avait été plus perspicace et moins avare. Bref, passons…

Pensant être sorti de la poisse qui nous suivait, nous espérions fortement partir à l’heure prévue et arriver tôt le lendemain matin à Mahajanga. Que nenni !! Ah Mada !
« Petit changement de programme, désolé ! » C’est une phrase que nous avons malheureusement l’habitude d’entendre de plus en plus souvent.

Et nous voilà parti avec plus de 2 heures de retard dans un taxi-brousse de rechange qui ressemble plus à une discothèque qu’un moyen de transport conduit par deux « chanteurs et DJ » plutôt que deux chauffeurs.
Et boum, panne au bout d’une demi-heure. Comme par hasard, les chauffeurs démontent la roue arrière droite !! À la fois inquiets et hilares, nous nous disons que le même scénario allait se reproduire une fois de plus. Les disques de freins sont collés, rien de très grave apparemment. Ouf !
Et la route fut sans encombre et sembla vraiment courte grâce à nos deux G.O qui animèrent le trajet, pendant près de 18 heures, grâce à leur karaoké ambulant !!

Arrivés à bon port à Mahajanga, nous pensons enfin pouvoir nous reposer. Tout devait se dérouler comme sur des roulettes à partir de maintenant. Que nenni !!
Nous passons voir la compagnie maritime qui doit nous emmener aux Comores dans trois jours et là nous apprenons que, finalement, le bateau est toujours en réparation suite au passage du cyclone Indlala en mars dernier. Il ne devrait reprendre la mer que d’ici 10, 12, 15 jours ou plus, selon les différents employés et responsables.

Or, nous sommes censés travailler et jouer dans des écoles comoriennes justement avant les vacances. Sinon tous les projets là-bas tombent à l’eau. De plus, le directeur de l’alliance française de Moroni, emballé par ce que nous faisons, a déjà prévu notre arrivée pour ce week-end et planifié toute une tournée dans la capitale. Puis, il veut nous envoyer en avion vers la majestueuse Mohéli, la plus belle des trois îles des Comores et que tout le monde nous envie dès que nous en parlons, où nous devons passer une semaine à travailler avec l’alliance française « du bout du monde » basée là-bas. Et en plus de tout cela, nous serons logés et défrayés durant tout notre séjour. Nous serions complètement insensés de refuser de telles propositions qui semblent tomber du ciel !
Et puis de toute façon, nous devons y aller, quoi qu’il arrive. Alors, tant qu’à faire, si l’on peut éviter le statut de touriste que nous détestons tant…

Un autre problème se pose également : l’alliance française de Mahajanga est également prête à nous accueillir pendant deux semaines, en échange de nos prestations. Seulement, à l’inverse de son collègue aux Comores, le directeur d’ici ne nous prendrait qu’à partir de juillet, l’alliance se transformant en centre aéré pendant les vacances scolaires.
Nous voilà donc bloqués ici pendant deux semaines, sans rien pouvoir faire, autre que du tourisme, pour partir ensuite aux Comores pour continuer à faire nos vazahas à deux euros.
Une seule solution : l’avion.
Elle arrange ainsi tout le monde, sauf nous financièrement. Mais bon…
Heureusement, Jérôme, le directeur de l’alliance à Moroni a décidé de prendre en charge la moitié de la valeur du billet, après remboursement intégral des billets de bateau, soit plus d’une centaine d’euros quand même. Il est vraiment impressionnant ce Jérôme !!

Nous voilà ainsi partis pour deux semaines de travail aux Comores, qui s’annonce être également un voyage de rêve dans des îles paradisiaques. Puis retour à Mahajanga, pour une autre quinzaine qui semble, certes, moins fabuleuse en matière d’aventure et de dépaysement, mais tout aussi intéressante du point de vue contact humain.

Encore faut-il qu’il n’y ait pas de problèmes d’avion. Mais ça… avec Madagascar, tout est permis !!



Et effectivement ce fut le cas !! Rien de très méchant rassurez-vous. Mais cela sera pour la prochaine fois ! Un peu de patience…

Luis et Milie