dimanche 7 octobre 2007

Parcours des Clowns

Carte des Clowns Barroudeurs. Les connaisseurs ou anciens visiteurs de Mada apprécieront !!

Fort-Dauphin, ça se mérite !


36 heures de piste et de poussière pour atteindre celle qui fût le repaire des pirates et autres négriers, de part son emplacement central sur les différentes routes maritimes de l’océan indien. Des mois que l’on nous parlait de cette fameuse RN10 !!! Nous l’avons tellement redoutée, que nous nous sommes armés de 3 excellents romans, tellement captivants que nous avons presque osé dire « déjà » à l’arrivée.

Fort-Dauphin a longtemps été un paisible village malgache, replié sur lui-même de part son enclavement, vivant de la pêche des crevettes et langoustes, et de la culture du sisal. Depuis 2005, le village se transforme en ville. La raison : la construction du plus grand port en eau profonde de l’océan indien, ayant pour but l’exportation des minerais naturels. Résultat visible : un chantier gigantesque sur la plage et un trou qui ronge la montagne. Résultats secondaires : arrivée de centaines d’experts, techniciens, ouvriers d’Afrique du sud, du Japon, de France et des Philippines, inflation des loyers et du coût de la vie, écarts sociaux entre locaux et expatriés, pêcheurs locaux « indemnisés » car le chantier pollue les côtes et détruit l’écosystème marin, prostitution des jeunes malgaches poussées par leur famille, recrudescence des attaques à mains armées contre les transporteurs de fonds le jour de paye…bref, le développement profite toujours aux mêmes. C’est beau la mondialisation.

A cela s’ajoute le résultat des législatives : après des élections truquées – certains bureaux de vote n’avaient pas « reçu » à temps les bulletins des opposants (ben voyons !) donc le peuple avait le choix entre voter pour le TIM, le parti du président, le TIM ou le TIM ou ne pas voter. Au lendemain des élections, les journaux parlaient d’un taux de participation de 20 % dans tout le pays. Les nouveaux députés représentent à peine 10% de la population totale du pays. Militantisme du peuple à travers ce boycott et cet absentéisme des élections ? Non. Plutôt absentéisme du peuple à travers leur « je m’en foutisme » de ces élections annoncées truquées d’avance. En tout cas, cela ne gêne nullement le pouvoir en place, bien au contraire. L’apathie d’un peuple servira toujours le tyran qui le contrôle. L’opposition est désormais écartée à Madagascar et le dictateur a les pleins pouvoirs depuis la mise en place de la nouvelle constitution votée par référendum falsifié – ou imposée selon les points de vue - en mars dernier.

Un désastre politique, économique, social et écologique qui affecte ceux qui, justement, avaient choisi de s’installer dans ce petit coin de farniente, pour être à l’abri de la société de consommation, au cœur d’un milieu naturel magnifique, où la montagne se jette dans la mer, où l’on peut profiter aussi bien de randonner que de plonger. C’est le cas d’Alex, la directrice de l’alliance française, et Greg, son mari, qui nous ont accueilli dans leur maison (encore une fois, faute de budget de l’Alliance). Ce qui ne fût pas pour nous déplaire, au contraire. Atomes crochus aidant, nous avons vite compris que nous venions de la même planète. Et ces 2 là, si nous les avions vus un peu plus de 10 jours, auraient bien pu devenir de très bons amis ! Nous avons bien fondu devant Tom, leur petit bout de choux de 5 mois, l’occasion pour nous de confirmer notre envie de faire le nôtre !

Nous avons animé des ateliers à l’école française, finalisés à la fin de la semaine par deux spectacles : à l’école le matin et sur la plage l’après-midi. Et des représentations des clowns à droite, à gauche…bref toujours la même routine.

Après, Fort-Dauphin, il faut aussi en repartir ! La RN13, pire que la RN10, nous a mené, des travers des paysages arides aux hauts plateaux, jusqu’à Fianarantsoa en une trentaine d’heures, perchés dans notre bon vieux bus TATA. Finalement le taxi-brousse, on s’y fait !

Notre aventure à Madagascar se finit dans un mois déjà. Mais une autre nous attend pour six semaines aux Comores à partir du 2 novembre. Le Croissant Rouge nous embauche pour une création de spectacle-forum sur la Grande Comore. Puis, enfin, retrouvailles avec la Réunion et surtout avec nos nombreux amis de l’île et de la métropole - venus spécialement pour les fêtes de fin d’année. Vivement. Vous commencez sérieusement à tous nous manquer.

La France non, la famille et les amis oui.

Loumilie.